Un lancement stratégique pour concurrencer OpenAI et Google
Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a annoncé le déploiement de son intelligence artificielle générative, Meta AI, en Europe.
Déjà accessible aux États-Unis depuis l’automne 2023, l’outil débarque désormais dans une version multilingue destinée aux utilisateurs de plateformes Meta à travers le continent, y compris en France. Il s’agit d’un modèle de langage basé sur LLaMA 2 (Large Language Model Meta AI), l’équivalent maison de GPT (OpenAI) ou Gemini (Google).
Ce lancement marque une étape majeure dans la stratégie du groupe dirigé par Mark Zuckerberg, qui cherche à rattraper son retard sur ses rivaux dans la course mondiale à l’IA générative.
L’assistant sera intégré à la barre de recherche de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, permettant aux utilisateurs de poser des questions, générer du texte ou même créer des images via un générateur interne nommé « Imagine ».
Une arrivée sous tension avec les régulateurs européens
Le déploiement ne se fait pas sans heurts.
Selon les informations de Les Échos, Meta a dû adapter ses pratiques pour se conformer au Règlement général sur la protection des données (RGPD). Notamment, l’entreprise a fait le choix de ne pas s’appuyer sur les messages ou contenus utilisateurs européens pour entraîner ses modèles, contrairement à ce qui est pratiqué aux États-Unis. Une décision préventive alors que l’Union européenne affine son arsenal juridique avec le AI Act, attendu en 2025.
Une offensive dans un marché encore balbutiant
Avec cette offensive européenne, Meta veut se positionner comme un acteur incontournable de l’IA générative sur le Vieux Continent.
À ce jour, les grandes plateformes d’IA américaines comme ChatGPT ou Gemini ne disposent pas d’une implantation grand public pleinement localisée en Europe, notamment pour des raisons réglementaires.
Meta espère ainsi occuper le terrain avant ses concurrents et bâtir une base d’utilisateurs familiers avec ses outils. L’IA est considérée par Zuckerberg comme la prochaine grande plateforme, après le web mobile.
Cette technologie s’inscrit également dans une vision plus large incluant le métavers, bien que ce dernier soit en retrait dans la stratégie actuelle.
Et après ? Des enjeux commerciaux et de souveraineté numérique
Meta devra désormais prouver l’utilité concrète de son assistant IA pour ne pas subir le désintérêt que connaît déjà son métavers.
Par ailleurs, ce déploiement soulève aussi la question de la souveraineté numérique européenne : si les géants américains continuent de dominer l’IA, l’Europe peine encore à faire émerger une alternative crédible, à l’exception de quelques initiatives comme Mistral ou Aleph Alpha.
Meta AI en Europe pourrait ainsi redéfinir la relation entre les plateformes américaines et les régulateurs européens, dans un équilibre complexe entre innovation et protection des données.