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Un socle réglementaire solide mais fragilisé par la concurrence internationale

La transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 s’impose comme un véritable casse-tête pour l’Union européenne. Si le cadre mis en place assure une meilleure sécurisation du secteur bancaire, il expose aussi les banques européennes à un risque de perte de compétitivité face à des concurrents moins contraints, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni.

Le point de tension actuel concerne la mise en œuvre de la Revue Fondamentale du Trading Book (FRTB), un pan essentiel des nouvelles règles sur la gestion des risques de marché.
Bruxelles, consciente d’avoir avancé plus vite que d’autres grandes juridictions, a lancé fin mars une consultation publique express ouverte jusqu’au 22 avril 2025 pour ajuster sa stratégie.

Trois options pour Bruxelles face à l’incertitude globale

Trois scénarios sont envisagés par la Commission européenne : maintenir l’application de la FRTB au 1er janvier 2026, repousser cette échéance à 2027, ou adopter des modifications temporaires du cadre pour une période maximale de trois ans.
Ce dernier choix permettrait à l’Europe de s’adapter en fonction de l’évolution des décisions américaines et britanniques, qui restent pour l’heure très incertaines.

Selon plusieurs observateurs, l’option d’un report serait la plus probable, afin de ne pas pénaliser davantage les banques européennes dans un contexte géopolitique tendu, exacerbé par la montée des tensions commerciales et les changements de cap réglementaires aux États-Unis.

Anticipations : entre prudence et volonté de rester dans la course

Les banques européennes, à travers des figures telles que Lorenzo Bini Smaghi, président de Société Générale, plaident pour une approche pragmatique : respecter l’esprit de Bâle sans fragiliser la position de l’Europe sur la scène financière mondiale.
Une stratégie trop rigide pourrait encourager une désintermédiation bancaire au profit des marchés américains et asiatiques.

Le dilemme reste entier : maintenir une régulation ambitieuse, au risque de creuser l’écart concurrentiel, ou ajuster temporairement pour préserver les intérêts stratégiques du secteur bancaire européen