Une percée réglementaire majeure pour la banque italienne
Le groupe bancaire italien UniCredit a obtenu, ce lundi 14 avril, l’approbation de l’Office fédéral allemand des cartels (Bundeskartellamt) pour augmenter sa participation dans Commerzbank jusqu’à 29,99 %, sans avoir à lancer d’offre publique d’achat obligatoire.
Cette décision constitue une étape décisive pour UniCredit, qui confirme ainsi son ambition de peser davantage sur le marché bancaire allemand, le plus important d’Europe.
UniCredit, dirigée par Andrea Orcel, détient actuellement une participation directe de 9,5 % dans Commerzbank et pourrait convertir ses instruments financiers dérivés représentant environ 18,5 % supplémentaires en actions réelles, pour atteindre ce seuil stratégique.
Des résistances politiques et institutionnelles importantes
Malgré cette autorisation, UniCredit se heurte à une vive opposition.
La direction de Commerzbank, les syndicats et l’État allemand – encore actionnaire à hauteur de 12 % depuis la crise financière de 2008 – voient cette montée au capital d’un œil critique.
Le chancelier Olaf Scholz a publiquement dénoncé une initiative « hostile », estimant qu’elle menace l’indépendance de l’un des piliers du système bancaire allemand.
Cette méfiance traduit une inquiétude plus large vis-à-vis des opérations transfrontalières dans un secteur bancaire européen encore très fragmenté et protégé par des logiques nationales.
UniCredit joue la carte du temps long
Le PDG Andrea Orcel a adopté une stratégie de patience.
Selon ses déclarations, UniCredit n’envisagerait pas de tentative de fusion avant 2027, attendant la formation d’un nouveau gouvernement allemand et une possible évolution du climat politique.
En attendant, la banque italienne positionne sa participation comme un investissement stratégique, lui permettant d’avoir un pied solide en Allemagne sans brusquer les autorités locales.
Cette approche mesurée pourrait offrir à UniCredit une position avantageuse dans un futur mouvement de consolidation bancaire en Europe, dans un contexte où la création de champions européens devient une priorité pour rivaliser avec les géants américains et asiatiques.