L’économie chinoise aborde le milieu de la décennie avec des déséquilibres persistants qui obligent les autorités à revoir en profondeur leur stratégie macroéconomique.
Après plusieurs années marquées par un ralentissement de la croissance, une crise immobilière durable et une demande intérieure atone, Pékin assume de plus en plus ouvertement le recours à la relance budgétaire comme principal levier de stabilisation à l’horizon 2026.
Cette inflexion marque une évolution notable dans la doctrine économique chinoise, longtemps centrée sur la discipline financière et la maîtrise de l’endettement.
Un contexte économique fragilisé malgré une croissance encore positive
La Chine continue d’afficher une croissance du PIB supérieure à celle des grandes économies occidentales, mais le rythme s’est nettement tassé par rapport aux standards historiques.
Les niveaux de croissance à deux chiffres observés dans les années 2000 ont laissé place à une expansion plus modérée, oscillant autour de seuils jugés insuffisants pour absorber les tensions sociales et soutenir l’emploi urbain.
La faiblesse de la consommation des ménages, pénalisée par un marché du travail incertain et une confiance dégradée, limite le rôle du moteur domestique.
Parallèlement, le secteur immobilier, longtemps pilier de l’activité et des finances locales, reste enlisé dans une crise profonde.
La baisse des ventes de logements, la chute des prix dans de nombreuses villes et les difficultés financières de grands promoteurs continuent de peser sur l’investissement.
Cette situation fragilise également les collectivités locales, fortement dépendantes des revenus fonciers pour financer leurs dépenses.
Le choix assumé d’un soutien budgétaire renforcé
Face à ces contraintes, les autorités chinoises privilégient désormais une approche plus proactive en matière de politique budgétaire.
L’objectif affiché pour 2026 est de soutenir la croissance par une augmentation ciblée des dépenses publiques et par un recours accru à l’endettement souverain.
Ce choix traduit la volonté de compenser l’essoufflement du secteur privé par l’intervention de l’État.
Les discussions portent notamment sur un relèvement durable du déficit budgétaire et sur l’émission d’obligations spéciales destinées à financer des projets d’infrastructures.
Ces instruments sont déjà utilisés par le gouvernement central et les provinces, mais leur rôle devrait s’amplifier.
Les investissements visés concernent les transports, l’énergie, les réseaux numériques et les projets liés à la transition industrielle.
Une coordination étroite avec la politique monétaire
La relance budgétaire ne s’inscrit pas de manière isolée, mais en complément d’une politique monétaire accommodante.
La banque centrale chinoise a multiplié les mesures visant à maintenir des conditions de financement favorables, notamment via des baisses de taux et des injections de liquidités.
Toutefois, l’efficacité de ces outils reste limitée tant que la demande privée ne redémarre pas pleinement.
Dans ce contexte, le budget devient l’outil privilégié pour agir directement sur l’économie réelle.
Les autorités cherchent à éviter un scénario de stagnation prolongée, marqué par une inflation très faible et une croissance molle.
La priorité est donnée à la stabilisation de l’activité plutôt qu’à la réduction rapide des déséquilibres financiers.
Des risques budgétaires et financiers sous surveillance
Cette stratégie n’est pas exempte de risques pour les finances publiques chinoises.
L’endettement des administrations locales atteint déjà des niveaux élevés, en particulier via des structures de financement hors bilan.
Un recours excessif à la dépense publique pourrait accentuer les vulnérabilités à moyen terme.
Les autorités affirment néanmoins disposer de marges de manœuvre importantes grâce à la taille de l’économie et au contrôle étroit du système financier.
La gestion du risque repose sur une sélection plus rigoureuse des projets financés et sur un recentrage des dépenses vers des secteurs jugés stratégiques.
L’objectif est de soutenir la croissance sans alimenter de nouvelles bulles spéculatives.
Un signal politique fort envoyé aux marchés et aux entreprises
En misant clairement sur la relance budgétaire pour 2026, Pékin envoie un message de soutien aux acteurs économiques.
Les entreprises sont encouragées à investir dans un environnement où l’État joue un rôle stabilisateur renforcé.
Les marchés financiers interprètent cette orientation comme une volonté de prévenir un ralentissement trop brutal de l’économie.
Cette stratégie s’inscrit également dans une perspective politique plus large, visant à préserver la stabilité sociale et à accompagner la transformation du modèle de croissance.
La Chine cherche à passer d’une économie tirée par l’immobilier et l’investissement massif à un modèle plus équilibré, tout en évitant une rupture conjoncturelle.
La relance budgétaire apparaît ainsi comme un pont entre l’ancien et le nouveau cycle économique.




