Une escalade militaire qui réveille la prime de risque énergétique
À 03 h, heure de Jérusalem, l’armée israélienne (IDF) a confirmé une série de raids aériens contre des sites nucléaires et balistiques iraniens.
Téhéran parle d’« agression à grande échelle » et menace de fermer le détroit d’Ormuz, corridor par lequel transite près de 20 % du pétrole mondial.
Un bond de +10 % en séance pour le Brent
Sur l’Intercontinental Exchange, le contrat août 2025 sur le Brent a touché 80,40 $ le baril, soit une envolée de 9,8 % par rapport à la clôture de jeudi.
Le WTI à New York a simultanément grimpé à 77,60 $.
Selon les données live de l’U.S. Energy Information Administration, il s’agit de la plus forte variation intrajournalière depuis mars 2022.
Des fondamentaux déjà sous tension
Avant le raid, les stocks commerciaux de l’OCDE étaient inférieurs de 4 % à leur moyenne quinquennale, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
La réunion ministérielle du 28 mai des pays OPEP+ avait pourtant entériné une reconduction volontaire de 2,2 Mb/j de coupes jusqu’à septembre, créant un coussin d’offre limité.
L’offensive israélienne vient ainsi superposer un choc géopolitique à un marché physique déjà serré.
Scénarios de marché à court terme
Scénario central : l’Iran riposte sans bloquer la navigation, le Brent se stabilise entre 78 $ et 85 $.
Scénario stress : fermeture partielle d’Ormuz, le prix pourrait atteindre 100 $ en quelques séances, les réserves stratégiques de l’AIE seraient mobilisées jusqu’à 20 % de leurs capacités.
Scénario apaisement : médiation américaine réussie, retour rapide sous 75 $ d’ici fin juin.
Impacts pour les investisseurs
La remontée des prix renforce la composante inflation importée en zone euro, compliquant la trajectoire de la BCE après son premier abaissement de taux début juin.
Les valeurs énergie et services pétroliers (TotalEnergies, Schlumberger) surperforment l’Euro Stoxx, tandis que le transport aérien accuse des replis supérieurs à 5 %.
Sur le marché obligataire, le segment high yield américain lié au schiste bénéficie de la hausse du cash-flow attendu, comprimant les spreads de 30 points de base.
À l’inverse, la courbe des bons du Trésor s’aplatit, reflet d’un arbitrage de couverture.
À surveiller
Le point de bascule restera la capacité de l’Iran à concrétiser sa menace sur Ormuz.
Un signal formel de Téhéran – fermeture, taxation ou inspection des tankers – serait perçu comme déclencheur d’un second palier haussier vers 90 $–100 $.
Les intervenants guetteront également la prochaine publication des stocks hebdomadaires américains (19 juin) pour mesurer le déstockage saisonnier et anticiper d’éventuelles libérations stratégiques.