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Un niveau d’emploi historiquement bas malgré des salaires en hausse

Le taux d’emploi au Royaume-Uni est tombé à son plus bas niveau depuis la pandémie de Covid-19, selon les dernières données de l’Office for National Statistics (ONS).
Le taux d’activité est tombé à 74,5 % au cours des trois derniers mois, une première depuis le second trimestre 2021.
En cause : une baisse continue du nombre de personnes en emploi (-156 000 au premier trimestre) et une montée des inactifs longue durée.

Si les salaires moyens hors bonus continuent de progresser à un rythme annuel de 6 %, cette dynamique salariale ne compense pas l’érosion du marché de l’emploi. Le secteur privé, en particulier dans la finance, la tech et les services, connaît des gels d’embauche prolongés et des suppressions de postes discrètes.

Un coup de frein conjoncturel… et structurel

Le ralentissement s’inscrit dans un contexte économique tendu : incertitude post-Brexit persistante, politique budgétaire restrictive et désindustrialisation continue.
L’introduction prévue en avril de nouvelles cotisations sociales sur les revenus d’activité accroît également la prudence des entreprises sur le front de l’emploi.

Le recul de l’activité observé dans les PMI (indices des directeurs d’achat) de mars alimente aussi les craintes.
Selon Capital Economics, le Royaume-Uni pourrait être « à l’orée d’une récession technique », avec une croissance attendue autour de 0,3 % sur l’année.

Les anticipations tournées vers la Banque d’Angleterre

Cette contraction du marché du travail pourrait précipiter une baisse de taux directeurs de la Banque d’Angleterre dès sa réunion de mai.
L’inflation, bien qu’encore supérieure à la cible (3,4 % en février), a nettement ralenti par rapport aux pics de 2022-2023.

Les investisseurs misent désormais sur deux à trois baisses de taux d’ici fin 2025.
Une détente monétaire qui viserait à soutenir l’investissement et l’emploi, tout en allégeant la pression sur les ménages frappés de plein fouet par la hausse des coûts de la vie et l’envolée des crédits immobiliers.

Une trajectoire inquiétante pour les fondamentaux britanniques

Le Royaume-Uni subit les conséquences d’une érosion de sa base productive et d’un taux de participation à l’emploi toujours inférieur à celui de ses voisins européens.
La comparaison avec la zone euro est cruelle : l’emploi y est plus stable, et les politiques publiques y ont davantage soutenu l’activité post-Covid.

Si aucune politique ciblée n’est rapidement mise en œuvre pour redynamiser le marché du travail — notamment en matière de formation, de reconversion et de soutien aux PME — le pays pourrait durablement s’enfoncer dans une spirale de croissance molle et de fragilité sociale.