François Villeroy de Galhau ouvre la voie à une nouvelle baisse des taux directeurs
La perspective d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne (BCE) se précise.
Selon les déclarations de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, un abaissement du taux de dépôt – actuellement à 2,5 % – jusqu’à 2 % d’ici la fin de l’été 2025 est « plausible », bien que non encore décidé.
Cette annonce intervient alors que la BCE a déjà procédé à six baisses consécutives depuis juin 2024, amorçant un cycle d’assouplissement monétaire destiné à accompagner le ralentissement de l’inflation et soutenir une croissance économique fragilisée dans la zone euro.
Un message de prudence malgré l’orientation baissière
Dans un entretien accordé à Reuters, Villeroy a insisté sur la nécessité de rester prudent face à l’incertitude économique, refusant de « précommuniquer » le rythme ou l’ampleur exacts des prochaines décisions.
Toutefois, il souligne que la dynamique actuelle milite pour un assouplissement graduel, à condition que les prochaines données confirment la désinflation en cours.
« Nous devons garder la main ferme, mais souple », a-t-il déclaré, rappelant que la BCE vise un retour durable de l’inflation vers sa cible de 2 %.
Des signaux économiques contrastés
Les dernières projections de la BCE tablent sur une inflation à 2,3 % en 2025 et 1,9 % en 2026, laissant entrevoir un retour progressif à l’objectif fixé.
Toutefois, l’activité économique reste fragile, en particulier en Allemagne et en Italie, deux poids lourds de la zone euro. La BCE navigue donc entre la nécessité de ne pas étouffer une reprise encore hésitante et celle de préserver sa crédibilité anti-inflationniste.
Les marchés déjà en alerte
Les marchés financiers ont rapidement réagi aux propos de Villeroy.
Les anticipations de taux sur les marchés monétaires intègrent désormais deux à trois baisses de taux supplémentaires d’ici fin 2025, renforçant la pression sur l’euro et sur les rendements obligataires européens.
Certains analystes, comme ceux de Goldman Sachs, estiment même que le cycle de baisse pourrait se prolonger jusqu’au début de 2026, en fonction de l’évolution du marché de l’emploi et des tensions géopolitiques, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient.
Quel calendrier pour la BCE ?
La première baisse de taux pourrait intervenir dès juin 2025, comme l’a laissé entendre récemment Christine Lagarde, présidente de la BCE.
Cette décision serait suivie d’un rythme « pragmatique », selon Villeroy, potentiellement calé sur les publications trimestrielles des projections économiques de l’institution.
Mais une chose est claire : le cycle actuel d’inflation post-Covid, exacerbé par la crise énergétique, touche à sa fin.
La BCE doit désormais ajuster sa politique monétaire avec souplesse et discernement, au risque sinon de freiner une reprise encore embryonnaire.
Anticipation : des marges de manœuvre limitées
Malgré l’optimisme relatif de la Banque de France, les marges de manœuvre de la BCE restent contraintes.
Une baisse trop rapide pourrait relancer les pressions sur les prix, tandis qu’une politique trop restrictive risquerait de casser la demande.
L’équilibre sera donc délicat à maintenir, avec un œil rivé sur les données d’inflation, de croissance et de salaires.