Une plateforme émergente qui bouscule les acteurs établis
Hyperliquid, une plateforme décentralisée de trading de produits dérivés crypto, connaît une ascension fulgurante avec plus de 400 milliards de dollars de volume mensuel estimé.
Presque 95 % des stablecoins utilisés sur le protocole sont des USDC, soit environ 5,5 milliards de dollars bloqués sur la plateforme.
Cette concentration donne à Hyperliquid un levier significatif pour influencer le paysage des stablecoins.
Une double offensive stratégique
Hyperliquid vient de lancer deux initiatives majeures.
D’une part, une réduction de 80 % des frais de trading sur sa plateforme spot, visant à rendre l’échange entre tokens adossés à des stablecoins plus attractif.
D’autre part, la plateforme prévoit le lancement de son propre stablecoin, le USDH, via un processus de sélection communautaire parmi plusieurs candidats.
Le stablecoin USDH : enjeux et candidatures
Hyperliquid a ouvert un appel d’offres auprès de plusieurs entités pour choisir l’émetteur de son stablecoin natif.
Les propositions actuellement en compétition incluent celles de Sky (ex-MakerDAO), Frax, Paxos, Agora, Native Markets et d’autres structures reconnues.
Chacune propose un modèle différent d’émission, de collatéralisation et de partage du rendement généré par les dépôts en USDH.
Sky, par exemple, propose un rendement fixe de 4,85 % sur tous les USDH en circulation, adossé à des bons du Trésor américain.
Native Markets, de son côté, promet une intégration étroite avec Hyperliquid et une gouvernance sur-mesure pour la communauté.
Pourquoi Circle (USDC) et les émetteurs établis sont menacés
Le succès d’un stablecoin natif comme USDH représenterait un risque direct pour des acteurs comme Circle, émetteur de l’USDC.
Actuellement, les émetteurs de stablecoins profitent des intérêts générés par les réserves en dollars déposées.
Si Hyperliquid capte cette valeur dans son propre écosystème, ces rendements ne bénéficieront plus à Circle ou Coinbase, mais à la plateforme et à ses utilisateurs.
C’est une remise en cause du modèle économique de stablecoins centralisés.
Un nouveau modèle de gouvernance et de captation de valeur
Contrairement aux stablecoins traditionnels, l’USDH serait gouverné de manière décentralisée, par un vote des validateurs du protocole Hyperliquid.
Cette gouvernance native permettrait d’ajuster rapidement les paramètres du stablecoin (taux de rendement, collatéral, émission), en phase avec les besoins du protocole.
Le modèle pourrait inspirer d’autres plateformes DeFi à suivre une logique similaire pour capturer davantage de valeur en interne.
Des risques réglementaires et techniques à surveiller
Malgré l’enthousiasme, plusieurs obstacles subsistent.
Les exigences réglementaires sur les stablecoins, notamment aux États-Unis, pourraient limiter les marges de manœuvre des émetteurs, en particulier sur les questions de rendement.
La législation américaine, comme le projet de loi GENIUS Act, pourrait interdire ou restreindre l’offre de rendement automatique sur des stablecoins non enregistrés.
Enfin, l’adhésion des utilisateurs à un nouveau stablecoin dépendra fortement de sa liquidité, de sa transparence et de sa stabilité face au dollar.
Avec une stratégie combinant réduction massive des frais et lancement d’un stablecoin natif, Hyperliquid met une pression sans précédent sur les émetteurs traditionnels comme Circle.
Si le stablecoin USDH réussit à s’imposer comme référence sur la plateforme, cela pourrait déclencher une reconfiguration majeure du marché des stablecoins dans la DeFi.